Info du 21/09/2011
Source "ouest france"
Des chiens pour stimuler les malades d'AlzheimerPour capter l'attention fragile de patients aux pathologies avancées, le domicile collectif du Tillay à Saint-Herblain, près de Nantes, a opté pour des séances avec des animaux.
Placides, les chiens, éduqués pour des personnes handicapées, se laissent approcher, brosser... Ici ceux de Lien Knin à Vertou (Loire-Atlantique) mais ils sont une soixantaine en France : AZBR à Rennes, Les chiens d'éveil d'Anjou.
Photo : Franck Dubray
C'est un moment précieux au foyer logement du Tillay. Un moment où les regards s'éclairent. Où les mains se tendent et se détendent. Où le langage revient. Le rire aussi. Non pas que la maisonnette douillette soit triste mais Alzheimer gagne du terrain, grignote la mémoire et les corps de la petite quinzaine de résidents qui y vivent et vieillissent. Certains depuis dix ans.
Antoinette aux yeux si bleus et si tristes, rigole comme une jeune fille quand elle brosse les deux chiens, tranquilles, installés sur la table de la salle à manger. « C'est incroyable ! On a du mal à imaginer qu'elle était somnolente et fermée il y a une heure », s'émerveille une aide-soignante. Marie-Jeanne, si désorientée et rétive, prépare scrupuleusement les gamelles. Et Laëtitia, qui perd l'usage de ses jambes et des mots, retrouve les couleurs. « Rose », répète-t-elle, accrochée aux lèvres d'Anne-Laure Vigier, l'intervenante et fondatrice de Lien Knin (lire « canin »), qui interroge sur la couleur du collier.
Une main tendue
« Bianca est un mâle ou une femelle ? On l'a dit tout à l'heure. Vous vous rappelez ? » Personne ne se rappelle. Et personne ne se rappellera la séance sitôt terminée. « Mais on en reparlera pendant la semaine devant la photo des chiens », assure Sandrine Barreau, assistante de soin en gérontologie au sein du petit établissement qui bénéficie de l'atelier via le CCASS de Saint-Herblain.
Pourtant « pas très chien », Élisabeth Ménager, la coordinatrice des animations, ne jure que par eux. « À chaque fois, je suis estomaquée par les réactions. C'est un public vieillissant avec des pathologies lourdes dont il est difficile de capter l'attention. La gym peut les rendre agressifs car ils ne savent pas répondre aux consignes. L'atelier mémoire les met en échec... On ne veut plus de ça ».
De plus en plus de maisons spécialisées optent donc pour ces ateliers. « Pas des shows canins, un travail technique et précis construit autour des chiens, qui par leur seule présence apaisent », surligne Anne-Laure. Prendre la laisse, nommer le chien, le caresser... Chaque geste est une sollicitation, sensorielle, motrice...
Alice, quasi immobile dans sa carapace roulante, le menton au ciel, semblait absente durant toute la séance : « Quand je suis venue la saluer à la fin, se réjouit Anne-Laure Vigier. Elle a ouvert les yeux et m'a tendu une main. »
Véronique ESCOLANO.
Source : http://www.ouest-france.fr/act(...)